Madame, Monsieur,
En ma qualité de Médecin et fondateur de la méthode Chrono nutrition, je souhaiterais apporter un droit de réponse à l’article publié dans le quotidien régional LE PROGRES publié le 14 juin dernier et intitulé « La chrono nutrition ou comment manger en fonction de son horloge biologique ».
A titre liminaire, et si l’article a le mérite de reconnaître les bienfaits de la Chrono-nutrition, tout en émettant à la fois un avis discutables sur ses effets et mérites, je note néanmoins plusieurs erreurs qu’il convient de rectifier afin d’éviter d’importants contresens au titre de ce régime alimentaire élaboré depuis 1986 par mes soins.
La mise au point de mon programme ayant nécessité 10 ans d’observations cliniques sur des milliers de patients et la validation de celle-ci par un pharmacologue mondialement connu, dont le conseil de l’ordre et l’Anses n’ont d’ailleurs ni l’un ni l’autre tenu compte, il doit en effet être regretté qu’aucune étude clinique sérieuse sur les effets de cette méthode n’ait été initiée depuis création.
Ce n’est finalement qu’au bout de près de 40 ans, qu’une telle méthode finit par être reconnue par les instances sanitaires de notre pays, alors même que la pratique de celle-ci était confirmait déjà ses résultats auprès de plusieurs milliers d’exemples.
La Chrono-nutrition est l’aboutissement de réflexions et d’hypothèses émises puis affinés au gré des patients que nous avons été amenés à conseiller sur le plan alimentaire.
Cet article en vient d’ailleurs à confirmer le bienfondé d’une telle méthode puisque le manque d’étude clinique sur échantillon de population nettement plus important que ma patientèle rendent à mon sens impossibles les conclusions péremptoires et théoriques.
Pour éviter une discussion éventuelle sur une prise de risque concernant une méthodologie inconnue, il convient de préciser que j’ai été mon premier patient, à une époque où je devais me départir de 30 kg et ramener à mon corps
à des valeurs normales, mes paramètres biologiques étant parvenus à des quantités mortelles.
C’est dans cette perspective que je me permets de relayer les erreurs recensées dans l’article paru.
LES ERREURS CONTENUES DANS L’ARTICLE
Il n’y a rien à redire en ce qui concerne le premier paragraphe de l’article, en revanche, dès le deuxième paragraphe de l’article ci-dessous, un pharmacien ayant soutenu sa thèse sur la chrono nutrition, d’autres en ayant d’ailleurs fait autant, dont l’une à Clermont-Ferrand si je m’en souviens bien, écrit je cite :
« (la chrono nutrition) vise à contrôler la prise de nourriture afin que cette dernière affecte le moins possible le métabolisme énergétique »
Ceci n’est pas exact dès lors que la nutrition est avant tout l’alimentation adapté très exactement au statut biologique de l’être humain.
Le médecin nutritionniste doit en réalité adapter ses conseils nutritionnels au métabolisme de chacun de ses patients.
Il s’agit d’une étude au cas par cas, en fonction des comportements de chacun des patients amenés à consulter.
En ce qui concerne les hormones et les gènes le paragraphe démarre bien, mais il est écrit ensuite « Et de limiter l’impact de différentes fonctions physiologiques qui varient au cours de la journée et qui peuvent influer par exemple sur le stockage de la graisse ».
La nutrition s’adresse à un public qui se fiche éperdument de connaître les raisons du fonctionnement de la méthode mais s’intéresse plutôt à ses effets.
L’article en question n’est pas une communication entre scientifiques mais doit chercher à faire comprendre au grand public comment fonctionne la chrono nutrition et quelle est son utilité, cette affirmation qui n’est pas forcément fausse, le tort malheureusement d’apporter des notions scientifiques pour justifier un acte naturel de nutrition très intéressant pour les professionnels mais générateur fréquent de transformation d’un acte naturel en une attitude alimentaire qui devient très complexe pour certaines gens.
Cela dénaturant la simplicité bienfaisante de la Chrono nutrition quand elle est appliquée avec décontraction et sans arrière-pensées, les dernières lignes du paragraphe en rajoutant une couche inutile pour le lecteur :
« À l’image de sécrétions hormonales ou du rythme d’expression de certains gènes susceptibles de jouer un rôle sur le déclenchement de la digestion et sur la métabolisation d’aliments »
Quand j’ai lu ces deux phrases je n’ai pas pu m’empêcher de penser au dessinateur humoriste Sempé qui se serait régalé d’aligner quelques tableaux de gens à table ou avant de se mettre à table !
Le dernier paragraphe ci-dessous confirme le sentiment que j’ai eu en terminant de lire l’article et cette difficulté qu’ont certains scientifiques à comprendre qu’entre la théorie et la pratique il y a une frontière à ne pas franchir.
Soit on discute entre professionnels et rien n’empêche qu’on fasse des conférences pour tout public, mais on ne mélange pas les deux.
D’autant plus que la première phrase n’est pas très facile à comprendre si on ne sait pas exactement ce qu’elle veut expliquer :
« l’Anses relève une association entre « une proportion plus grande de l’apport calorique journalier pris au petit déjeuner et un poids plus bas ou une prise de poids moins élevée chez l’adulte ».
La deuxième n’arrangera pas les choses.
Et d’insister sur l’importance du petit déjeuner associé à « une réduction des facteurs de risque cardio métaboliques »
Et la troisième a le pompon !
« selon l’agence française, « les données disponibles indiquent qu’il existerait un lien entre un apport énergétique élevé dans la soirée et une augmentation du risque d’obésité». Et de préconiser de consommer un dîner léger, idéalement au moins deux heures avant le coucher
La conclusion de l’article étant
Qu’en retirer de façon concrète ?
Un petit déjeuner copieux : l’Anses relève une association entre « une proportion plus grande de l’apport calorique journalier pris au petit déjeuner et un poids plus bas ou une prise de poids moins élevée chez l’adulte ». Et d’insister sur l’importance du petit déjeuner associé à « une réduction des facteurs de risque cardio métaboliques » ;
Il était évident que l’agence française ne disposant pas des données cliniques nécessaires pour l’établissement d’un programme adapté à chacun soit restée générale, aboutissant à un « peut-être » laissant le lecteur sur sa faim, c’est le cas de l’écrire !
Ce qui me semble dangereux ce n’est pas de dire que le petit déjeuner est important, mais de ne pas en donner la composition, car suivant la nature de celui-ci on peut malheureusement très bien augmenter les facteurs de risques cardio métaboliques au lieu de les diminuer.
En effet si vous décidez de prendre par exemple un grand chocolat au lait le matin avec des tartines de confiture et un yaourt pour aggraver les choses, je peux vous garantir que votre risque métabolique va être au plus haut.
En revanche si vous associer les meilleurs aliments du matin fromage/ pain/huile d’olive vous aurez toutes les chances d’améliorer votre état cardiaque.
Un dîner léger : selon l’agence française, « les données disponibles indiquent qu’il existerait un lien entre un apport énergétique élevé dans la soirée et une augmentation du risque d’obésité». Et de préconiser de consommer un dîner léger, idéalement au moins deux heures avant le coucher.
Et pourquoi manger systématiquement deux heures avant le coucher quelque soit le dîner qu’on aura mangé, ce qui sous-entend que celui-ci va mettre au moins deux heures pour être digéré ce temps n’étant pas nécessairement si long pour un repas du soir si celui-ci est constitué d’aliments rapides à digérer, le mot « léger » ne voulant pas signifier restreint tout comme le petit déjeuner dans l’heure du lever être plus ou moins important en fonction de certaines situations nécessitant ou pas un apport d’énergie augmenté en raison d’une défense d’énergie importante dans la matinée et/ou la journée.
Telles sont en l’état les observations que je souhaitais porter à votre connaissance.
Docteur Alain Delabos